LES OCÉANS
Avec les mers, les océans représentent plus de 70% de la surface de notre planète. Indispensables à la vie, ils fournissent 55% de l’oxygène que nous respirons, recyclent 90% du dioxyde de carbone de la planète et régulent notre climat. Les océans sont également une source ! Les espèces et écosystèmes qui les constituent contribuent à l’économie des pays via les industries de la pêche et du tourisme.
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Pourtant, moins de 20% de nos océans ont été étudiés,
ce qui en fait un écosystème moins connu que la lune ou Mars !
LES CÉTACÉS
Les cétacés sont le groupe de mammifères marins regroupant les baleines, les dauphins et les marsouins. En plus de compter le plus grand animal (la baleine bleue) et le plus grand prédateur au monde (le cachalot), ce groupe partage de nombreux traits avec les hommes. Les cétacés respirent de l’air comme nous, donnent naissance à des petits après de longue périodes de gestation, ont des vies sociales complexes et font preuve d’une grande intelligence.
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Il a été démontré que certaines espèces possèdent une culture sociale,
qu’elles peuvent apprendre à utiliser des outils, éprouver du plaisir en se reproduisant ou encore
parler différents langages au sein de la même espèce !
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La conservation des cétacés profite à tous !
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La valeur des grands cétacés a été estimée par le Fonds monétaire international (FMI), en collaboration avec le Great Whale Conservancy (GWC). Les baleines apportent des bénéfices aux populations locales à travers l'industrie du tourisme, mais elles réalisent aussi et surtout un travail écologique essentiel: En effet, les cétacés permettent une absorption de CO2 équivalente à 4 fois celle de la forêt amazonienne, représentant ainsi un levier très important contre le changement climatique. Ils ont également un rôle clé dans la production de phytoplancton qui fournit la majeure partie de l'oxygène sur Terre. L'estimation de cette contribution est de plus de 1 milliard de dollars pour toutes les grandes baleines par an, soit plus de 2 millions de dollars par an et par baleine. Sauver les cétacés, c'est donc sauver notre planète !
Les baleines et cachalots, aussi appelés “grands cétacés” sont également considérés comme des ingénieurs d’écosystèmes : l’importance de leurs besoins métaboliques et la taille de leurs populations avant les débuts de la chasse à la baleine, impliquent une forte influence sur la dynamique des écosystèmes marins. Ils y contribuent en effet autant en tant que grands consommateurs de poissons et d'invertébrés, qu’en proies à d’autres grands prédateurs marins, mais aussi comme réservoirs et diffuseurs de nutriments le long de leurs routes migratoires. Enfin, les carcasses de ces animaux immenses servent d’habitat et de source d’alimentation à tout un écosystème à base détritivore dans les profondeurs de l’océan...
DANS LA CARAÏBE
Dans la Caraïbe, au moins 33 espèces de cétacés ont été documentées, soit plus d’un tiers de la diversité des espèces présentes dans le monde (90 espèces en 2020).
Ce groupe rassemble 7 espèces de mysticètes (cétacés à fanons comme la baleine bleue par exemple) et 26 espèces d’odontocètes (cétacés à dents comme les cachalots, les orques et les dauphins).
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La Grande Région Caraïbe est un habitat primordial pour la majorité de ces espèces, notamment pour la reproduction et l’alimentation. Pour mettre en place des mesures de conservation des mammifères marins, il faut des connaissances à leur sujet. Or la recherche dans ce domaine est très limitée par le manque de moyens financiers, et par la difficulté d’accès de cet habitat pour les suivis de terrain. Bien que certaines espèces soient déjà classées en danger d’extinction, les données sont encore largement insuffisantes pour la majorité d’entre elles. Il est donc possible que certaines populations soient déjà dans un état critique sans que nous ne le sachions et donc sans que nous ne puissions agir pour les conserver.
UN PATRIMOINE CULTUREL UNIQUE
Les mammifères marins des Caraïbes représentent un patrimoine culturel unique
que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre !
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Chez l’Homme, chaque population représente en plus de vies humaines, un patrimoine culturel comme une technique, un art ou un langage. L’extinction d’une population ne revient donc pas seulement à la perte de vies humaines, mais également à la disparition d’une culture (nous ne voudrions pas perdre l’art caribéen du reggae ou du rhum par exemple !). Les populations de cétacés présentes dans nos eaux répondent elles aussi à cette même logique: la perte d’individu ou d’une population implique une perte de connaissances, de culture pour sa population ou son espèce. Par exemple, la disparition d’une population de cachalots ne se résume pas à la mort de plusieurs individus parmi le stock mondial, mais à la perte d’un patrimoine culturel tel qu’un type de prédation, un mode de communication ou un comportement spécialisé à la zone Caraïbe et qui est transmis de génération en génération.
DES ESPÈCES MENACÉES
Pendant des siècles, l’homme a considéré l’océan et ses ressources comme une immense réserve inépuisable. Le lamantin des Caraïbes par exemple, a été décrit dans le passé en Guadeloupe comme étant présent “en abondance telle qu’aucune exploitation ne saurait le décimer”... Cette même espèce a aujourd’hui totalement disparu des eaux des Petites Antilles, en grande partie à cause d’une surpêche traditionnelle.
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L'homme est à l'origine de multiples menaces qui mettent en péril nos populations de cétacés.
Parmi elles, comptent :
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les collisions avec les navires, générant blessures voir mort subite;
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la pêche directe et indirecte, par capture accidentelle avec des techniques comme le filet maillant par exemple;
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la pollution chimique, avec la contamination par métaux lourds ou autres polluants connus pour être bio-accumulés;
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la pollution par déchets qu’elle provienne de déchets communs ou de matériaux de pêche abandonnés ou flottant comme les Dispositifs de Concentration de Pêche (DCPs) dans lesquels s’empêtrent les cétacés;
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la pollution sonore: L’ensemble des bruits anthropiques comme les moteurs de navires, les sonars, les forages ou autres sons d’origine humaine, constituent une source de dérangement critique voire mortelle pour ces animaux.
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Les mammifères marins dépendent de l'acoustique pour se déplacer, communiquer ou encore chasser pour se nourrir. Un environnement sonore pollué peut par exemple empêcher un animal de détecter la présence d’un navire approchant et ainsi générer des collisions, les ondes émises par les sonars peuvent infliger des blessures mortelles de l’oreille interne ou encore provoquer des accidents de décompression…
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LES MAMMIFÈRES MARINS NE CONNAISSENT PAS DE FRONTIÈRES
Les cétacés se déplacent sur de grandes distances et leur distribution peut inclure plusieurs pays entre lesquels ils circulent régulièrement. A l’échelle d’un grand cétacé, la Caraïbe est un espace unique que ces animaux utilisent depuis des millions d’années, sans autres frontières que des paramètres physiques comme la température, la profondeur ou le magnétisme terrestre. C’est donc à nous de nous adapter ensemble et de nous unir en brisant nos barrières pour les protéger malgré nos différences de nations, de législations, de langues et de cultures sur chacun de nos territoires.
LA CLÉ DU SUCCÈS EST LA CONTINUITÉ
Accroître la connectivité entre les individus et les structures de la région nécessite une certaine continuité pour une coopération entre les îles réussie. Il existe des organismes qui entreprennent un travail de qualité sur le terrain et politique dans de nombreuses îles, mais elles sont souvent isolées. Actuellement, il n'existe aucune organisation exclusivement dédiée à la conservation des cétacés dans la région Caraïbe, ce qui entrave davantage la collaboration entre les territoires. Les projets visant à améliorer la collaboration au sein de la région sont limités en temps et en financement, et ne constituent donc pas une solution permanente au besoin de relier les initiatives de conservation des mammifères marins. Souvent, ces projets à court terme mobilisent des personnes extérieures à la région, qui peuvent voir moins d’intérêt dans les résultats à long terme et qui résultent d’un renforcement des capacités seulement temporaire, ou une migration des connaissances et des compétences institutionnelles une fois achevées.
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La situation fait ainsi échos au mythe de Sisyphe, qui était condamné à hisser son rocher indéfiniment jusqu’au sommet. Dans la Caraïbe, les efforts de conservation de la mégafaune repartent régulièrement au point de départ malgré de multiples initiatives pourtant temporairement fructueuses.
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C’est ainsi que la Caribbean Cetacean Society se développe afin de combler ce manque et pérenniser les efforts collaboratifs pour maintenir le lien
entre nos territoires !